L’esprit d’une équipe, la cohésion d’un projet

Depuis 22 ans, Techno Métal Industrie grandit dans le milieu de la construction industrielle. De plus en plus incontournable, son savoir-faire traverse nos frontières à un rythme discret mais régulier.

\ Isabelle Morgante

L’histoire de Techno Métal Industrie (TMI) débute en 1996. L’entreprise, établie dans le zoning de Seilles (Andenne), est présente dans quatre grands secteurs : les ouvrages d’art, la charpente métallique, la ferronnerie et la mécano-soudure. TMI, c’est d’abord l’aventure commune de deux frères, Éric et Michel Deneil, et de deux mentors, Benoît de Dorlodot et Pierre Gathy. Tous sont ingénieurs.

« J’ai précédemment travaillé cinq ans dans une entreprise de construction métallique et de tuyauterie industrielle, explique Éric Deneil. Lorsqu’elle a fermé ses portes, je savais que le potentiel était là, que l’idée était bonne, le marché toujours présent… Il ne fallait donc pas changer de fusil d’épaule ni de core business, mais bien d’endroit et de stratégie ! »

De 1996 à 2000, le carnet de commande de TMI grandit mais la société reste discrète. Et puis les projecteurs du Standard de Liège vont mettre en lumière les ateliers andennais. Ce sont eux qui réalisent, en sous-traitance, une partie de la tribune construite pour l’Euro 2000. Un but providentiel. « Durant ces quatre années, nous avons utilisé notre carnet d’adresses et installé l’entreprise, tant dans la construction métallique que la tuyauterie industrielle. L’Euro nous a ouvert d’autres portes », constate Michel Deneil.

Active en marchés publics et privés, TMI est rarement seule à la manœuvre. Elle intervient régulièrement en sous-traitance en « société momentanée » de gros chantiers et gère la partie dont elle a la maîtrise, en Wallonie, à Bruxelles, au Grand-Duché, en France et depuis peu en Flandre. « Ce n’est pas nous qui donnons l’impulsion pour participer à des marchés publics mais notre position en classe 7 nous attire des chantiers de plus de 5 millions d’euros. Et si nous combinons notre classification à celle (identique) d’une autre entreprise, nous atteignons le niveau maximal de 8, requis pour des chantiers d’exception », précise l’actuel CEO Frédéric Salpietro.

Et les chantiers, TMI n’en manque pas. Citons entre autres : le viaduc ferroviaire « pont des Allemands » sur la Meuse à Visé (2.600 tonnes d’acier, 530 mètres de long, soit le plus gros ouvrage de l’histoire de la société) ; le « pont à Pont » au-dessus de l’Escaut à Tournai ; le « Theunisbrug » à Anvers ; le pont autoroutier de l’E42 à Nimy ; la nouvelle passerelle reliant les gares de bus et de trains de Namur ; la passerelle de Chartres (France) ; la rénovation à l’identique du pont de charroi (classé) d’Anderlecht, où la reproduction des rivets d’époque (comme ceux de la Tour Eiffel) a demandé la construction d’une mini-forge.

TMI, c’est aussi les charpentes supports pour la manutention de fuselages d’Airbus à Toulouse (France), toute la ferronnerie de l’Otan à Evere, le bardage du parking bruxellois Ceria ou le remplacement de six vannes et douze batardeaux du barrage de l’île Monsin (Liège).

Notons encore que l’entreprise mènera le chantier de rectification de « L’Enjambée » à Namur (produite en Espagne). Cette passerelle, dont la pose a été médiatisée l’été dernier, est toujours inutilisable. C’est TMI qui va remettre l’ouvrage à flot dans des délais qui restent à fixer.

« Faire grandir les gens »

Vu l’expansion de la société, le conseil d’administration a souhaité recruter un CEO. Frédéric Salpietro a endossé la fonction il y a tout juste un an. L’ingénieur civil mécanicien a débuté sa carrière en 1988, aux laminoirs à chaud de Chertal (Liège). Il y est resté huit ans, avant de bifurquer « dans le froid » durant 18 mois, au service ressources humaines (RH) de Ferblatil. À l’époque, Tilleur, Ferblatil Kessales et Phenix Works, c’était l’équivalent de 3.000 travailleurs.

Nostalgique de son métier originel, Frédéric Salpietro a rejoint Carmeuse, gravi les échelons pour terminer au poste de directeur technique et production 17 ans plus tard. Une réorganisation du management, à laquelle il n’adhérait pas, l’a poussé à rendre les clefs de son bureau en 2013. C’est alors qu’il a entamé un cycle de cinq ans comme COO (chief operating officer) aux Carrières du Hainaut à Soignies, avant de rejoindre TMI l’an dernier. « J’aime les défis, confie-t-il. J’aime progresser et faire grandir les gens, c’est une des raisons pour lesquelles il m’arrive de dispenser des cours de management. Je suis évidemment en faveur du management participatif et pense essentiellement à la notion de travail d’équipe. Je crois beaucoup en la force des collaborateurs, qui seront d’autant plus impliqués si on leur demande leur participation. Je suis aussi attentif à l’amélioration continue, pour avancer et pour que l’équipe soit plus forte aujourd’hui qu’hier. Tous les jours un petit pas. »

En 1996, Techno Métal Industrie occupait deux ouvriers. Aujourd’hui, elle compte 91 équivalents temps plein (ETP), soit 30 employés et 61 ouvriers (35 en atelier, les autres sur chantier).

La pénurie de main-d’œuvre du secteur où évolue TMI se traduit au quotidien par la recherche d’ingénieurs, de soudeurs et de monteurs. « Ce sont de beaux métiers dont les gens sont fiers, et qui demandent certaines qualités dont une bonne vue en 3D, de la rigueur, de la précision, de la technique et “de la main” pour “sentir” le métal. Il n’est pas rare qu’ils viennent assister au départ par transport exceptionnel, la nuit, des plus grosses pièces de nos chantiers. Cet esprit de corps anime une équipe relativement jeune puisque la moyenne d’âge des ouvriers est de 43 ans, et celle des employés de moins de 40 ans. »

L’actualité

Signe des temps, TMI a instauré en novembre dernier des horaires en deux pauses (6-14 et 14-22). Un aménagement du temps de travail qui permettait d’augmenter la production et de répondre aux exigences du carnet de commande.

Car TMI a un moral d’acier. Après avoir investi le hall de Seilles (libéré suite au déménagement de CTI, Chaudronnerie et Tuyauteries Industrielles), elle vient de signer la concession de 3 hectares en bord de Meuse, au sein du port autonome de Namur. Soit un total de 45.000 mètres carrés pour l’ensemble des activités et l’engagement d’une nouvelle équipe.

« Cette proximité immédiate avec la Meuse va nous permettre d’organiser notre charroi par voie fluviale, essentiellement pour les grosses pièces de 20 m de long et 3 m de large. Nous allons pouvoir stocker les pièces et créer une nouvelle capacité de production en construction métallique. L’éventualité d’un atelier de préparation métallique n’est pas écartée non plus. »